L’Arche de Beauvais s'équipe d'une Nissan Leaf électrique

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L'association l’Arche à Beauvais
L’Arche regroupe aujourd’hui 160 communautés, réparties dans 37 pays, parmi lesquelles figure l’Arche à Beauvais. Fidèle à la mission portée par le mouvement, cette communauté assure l’accompagnement de personnes en situation de handicap à travers un mode de vie en communauté.
À Beauvais, deux foyers de vie, un accueil de jour et un habitat partagé, accueillent 70 personnes, 40 salariés et des bénévoles. Au sein de l’habitat partagé, l’organisation repose sur la mutualisation : cuisine, salon, espaces de vie, véhicule. L’espace est décrit comme « une grosse colocation » par Antoine Levoir, responsable du Pôle Habitat Partagé.
Il y a actuellement 14 personnes en situation de handicap, tous types confondus. Nous ne faisons pas de filtre. À partir du moment où la personne a cette envie d’intégrer l’habitat partagé, nous trouvons des aménagements.
Les colocataires sont âgés de 19 à 65 ans. En parallèle, des locataires solidaires vivent aussi sur place, dans des chambres individuelles, intégrés au quotidien du collectif. « Ils ont une chambre, mais la cuisine, le salon, la voiture, sont partagés. ».
Le projet soutenu par Roole : l’acquisition d’un véhicule partagé
En 2024, l’habitat partagé de l’Arche à Beauvais répond à l’appel à projets lancé par la Fondation Roole. Le besoin est clair : faciliter les trajets des habitants pour leurs rendez-vous médicaux, professionnels ou leurs activités personnelles. L’idée d’un véhicule partagé s’impose, mais le choix ne se fait pas à la légère.
On voulait un véhicule d’occasion, électrique, avec un intérieur simili cuir pour l’entretien, et une caméra 360° pour éviter les accrochages.
La sélection se fait en groupe, avec les habitants, après un tour des concessions locales. Finalement, c’est une Nissan Leaf qui est retenue.
Une fois la voiture réceptionnée, un cahier a été mis en place pour gérer l’organisation. Pas de validation nécessaire, chacun note les trajets effectués.
Elle est empruntée tous les jours. On en est à 44 utilisations et 435 kilomètres depuis début juin. 90 % des trajets font moins de 10 kilomètres : marché, salle de sport, théâtre. Si quelqu’un a besoin de la voiture, il prévient. Et s’il y a une contrainte, il s’adapte.
La recharge se fait chaque nuit sur une prise extérieure installée sur le mur du bâtiment. L’usage est gratuit. Les habitants s’auto-régulent.
Le véhicule ne répond pas uniquement à un besoin de déplacement. Il produit également un effet structurant sur la vie collective. Les locataires solidaires ainsi que les salariés peuvent aussi l'utiliser. « Une salariée ayant des problématiques sur son véhicule l’a emprunté. Elle n’a pas eu à se justifier. Il suffit de prévenir. »
Les usages sont multiples : accompagner un locataire à son stage en soirée, permettre une sortie collective dans un village, faire du covoiturage vers un entraînement sportif. « Le lien se crée même quand les salariés ne sont pas là. La voiture est devenue une extension du quotidien partagé. »
Un engagement collectif des bénéficiaires et résidents
Pour les résidents de l’habitat partagé, avoir remporté cet appel à projets est avant tout synonyme de fierté, en raison de leur investissement tout au long de ce parcours. Le projet a été vécu comme une véritable compétition. Pour candidater, les habitants ont en effet eux-mêmes réalisé une vidéo.
Il y avait une échéance. On était une centaine à postuler. Ils se voyaient dans les phases de qualification, puis en finale. Et quand on a appris qu’on avait gagné, ils étaient très fiers ! Le jour où nous sommes allés chercher la voiture, ils y avaient accroché un nœud papillon… Ils ont dit : « On a gagné la Coupe du monde ! » Ils se sont tous engagés. Ça les a valorisés. Et maintenant, ils viennent me voir pour demander : « C’est quoi le prochain match ? »
Aujourd’hui, les résidents de l’habitat partagé, qui n’ont pas tous accès au permis, envisagent une voiture sans permis, toujours électrique. D’autres pensent à des trajets plus longs ou à des stages à l’extérieur de l’agglomération.
Nous sommes dans une zone où les transports en commun sont quasi inexistants le soir. Le véhicule permet d’éviter l’isolement. C’est un projet qui redonne du pouvoir d’agir. Il permet de se projeter, d’avoir du choix. Et surtout, il prouve que les habitants peuvent porter eux-mêmes des initiatives utiles.
Dans cet écosystème autonome et solidaire, chaque outil partagé devient un levier d’inclusion.
La suite du partenariat
Au-delà du soutien financier pour l’acquisition du véhicule, la collaboration avec l’Arche à Beauvais se poursuit grâce à un groupe de mécénat de compétences réunissant cinq collaborateurs de chez Roole. Deux axes d’accompagnement sont explorés : d’une part, la question du pilotage de l’autopartage, avec l’enjeu de déterminer si les solutions actuellement en place suffisent ou s’il faut développer un outil plus structuré, tout en respectant la philosophie d’autoresponsabilité chère à la communauté. D'autre part, dans une logique de prolongement à long terme de ce partenariat, ce mécénat vise à explorer des pistes autour de l'inclusion et de la diversité, comme la participation des résidents au Duo Day, les invitant à venir partager le quotidien d'un collaborateur de Roole le temps d'une journée. Mais aussi une réflexion autour d’éventuels recrutements. Le centre d'appel de Roole étant situé à Beauvais, très proche des locaux de l'Arche, nous espérons que le partenariat pourra se prolonger et proposer aux résidents des visites de l'entreprise, des présentations de nos métiers et pourquoi pas un jour des débouchés en stage ou en offre d'emploi.